La confrérie de Sainte-Croix fait construire en 1542 une chapelle de modeste dimension qui est démolie en 1600 au profit d’un édifice perpendiculaire à l’ancien, plus grand et plus spacieux.
Dénommée Capella della Santissima Annunziata, oratorio della veneranda confraternità della santa croce aux XVIIe et XVIIIe siècles, l’édifice est placée sous l’invocation de l’Annonciation.
La façade principale est sobre et dépouillée. A l’origine il n’y avait qu’une seule fenêtre, semi-circulaire, placée dans l’axe de la porte. Elle fut bouchée suite à l’installation d’un haut buffet d’orgue. C’est à ce moment là que les grandes fenêtres latérales supérieures au profil chantourné sont ouvertes. En 1828-1829, seront ouvertes les deux autres baies au niveau inférieur, sous la tribune d’orgue, de part et d’autre de la grande porte donnant ainsi plus de lumière à la nef. La seule ornementation de la façade se concentre au-dessus de la porte avec trois inscriptions qui se superposent. La plus haute est un hommage et une marque de rattachement de la confrérie à l’église de Saint-Jean-du-Latran. Elle se trouve dans un cartouche couronné de la tiare papale et des clefs de Saint-Pierre. L’inscription qui suit atteste la date de construction de l’oratoire primitif. La troisième rappelle un premier aménagement du parvis et une campagne d’excavation.
Les dimensions sont respectables (26,50 m x 8,40 m x 12 m de hauteur). Une succession de pilastres divise l’édifice en six travées d’inégales longueurs dont la magie du décor estompe les irrégularités. La nef est terminée à l’est par un chevet carré. Dans la quatrième travée, s’ouvrent des chapelles latérales (largeur maximale de 21 m d’une chapelle à l’autre) : celle de saint Augustin et de sainte Monique à gauche et celle du Christ noir à droite. Cette chapelle s’ouvre par un grand arc majestueusement orné d’une voûte à caissons. Au-dessus de l’autel, dans une niche murale aménagée en 1769 et 1772, est exposé le christ noir (u cristu negru). Il aurait été retrouvé en 1428 flottant au large du port par deux pêcheurs. Il est placé devant une gloire de bois doré qui accentue la luminosité de la scène.
Trois manuscrits du XVIIe siècle indiquent que l’édifice primitif était entièrement recouvert de peintures murales, depuis le pavement jusqu’au sommet des voûtes. Ces décors sont aujourd’hui perdus et il ne reste que la voûte à caissons stuqués et peints de la chapelle latérale de droite. Le décor actuel est dominé par des stucs dorés qui recouvrent la voûte et les murs. Ce style de décor typiquement baroque renvoie à plusieurs campagnes dans le courant du XVIIIe siècle jusque sous le Premier Empire sans que les variations stylistiques ne soient perceptibles. Ces stucs dorés donnent une ambiance de luxe, frivole et gaie. Les ornements sont asymétriques mais disposés avec grâce et équilibre. Les motifs s’inspirent du règne végétal (rinceaux de feuillage, guirlandes de fleurs), minéral (roches déchiquetées, pétrifications), animal (murex, coquilles saint jacques), le tout étant déformé, étiré, découpé formant des courbes et volutes très recouvrantes. La grande corniche est particulièrement riche. Elle est ponctuée d’élégantes agrafes en ressaut d’où émergent des têtes d’angelots espiègles. Un grand médaillon central divise la voûte en deux. Vers la porte d’entrée on remarque un grand serpent symbole du mal et du pêché, et vers l’autel, la colombe symbolise la paix et le bien. Dans le médaillon (1758) est peinte une scène de l’Annonciation rythmée par des teintes chaudes et froides relevées par des liserés dorés.
Les murs sont recouverts de stalles en noyer : sièges, dosserets et prie-Dieu, sculptées en 1773 puis 1819 et 1875. On y retrouve la même iconographie baroque que les décors peints ou stuqués.
Le maitre autel est surmonté d’un tableau classé Monument Historique au titre d’objet mobilier en 1908. Il représente l’Annonciation, peinte en 1633 par le plus estimé peintre florentin de l’époque, Giovanni Bilivert (1585-1644). L’orgue de l’oratoire Sainte-Croix est également classé Monument Historique depuis 1992 ; il est répertorié comme étant un des plus précieux et plus ancien du patrimoine insulaire. Il dispose d’un buffet du XVIIIe siècle et d’une tuyauterie de 1762.