Citadelle de Corte

La citadelle de Corte est constituée d’un château construit en 1419 par Vincentello d’Istria au point culminant de l’éperon de la ville, puis en 1769 les troupes françaises entreprennent la construction de la citadelle proprement dite sous les ordres du Comte de Vaux.

Commune

Corte – Corti (Haute-Corse)

À savoir

Propriétaire

Collectivité de Corse par la loi du 22 janvier 2002

Lieu-Dit

Nid d’aigle

Emplacement actuel

La citadelle est perchée sur un promontoire de roches vertes (prasinites) dominant la ville de Corte et surplombant la Restonica et le Tavignanu.

Localisation

X : 1207,328
Y : 6153,524
Z : 481 m

Hiérarchie et date de protection

Classement partiel au titre des Monuments Historiques le 10 août 1977 comprenant la citadelle avec son mur d’enceinte, à l’exclusion des casernes Padoue et Serrurier.

Domaine

Architecture militaire

Mots clés

Sources

Le château de Corte est le plus ancien bâtiment de la place forte. Il est construit en 1419, sous les ordres du seigneur cinarchesi Vincentello d’Istria, nommé vice-roi de Corse en 1420 par le roi d’Aragon Alphonse V. Cette fortification va permettre de servir de point d’appui à la lutte que mène l’Aragon contre la République de Gênes. Situé à 111 mètres au-dessus du confluent de la Restonica et du Tavignanu, il se détache du reste de la ville et caractérise l’horizon paysager et géographique en dominant aussi bien la ville haute que la ville basse. Le château est constitué d’une plateforme défendue par une muraille crénelée de 2,50 m de haut, renforcée de trois tours se confondant avec le rocher : une tour maîtresse (détruite en 1890), une tour carrée à flanc de falaise et une tour semi circulaire. Deux casernes peuvent loger une garnison de 70 hommes avec vivres et munitions. Suite à la conquête génoise de Corte en 1438, l’Office de Saint-Georges, alors maître de l’île, y fit bâtir des citernes, dont une de 70000 litres, et un four.

En 1730, lors de la « Révolution de Corse », le peuple se soulève et attaque la fortification. Le lieutenant génois est arrêté. En 1746, les « Nationaux », avec le docteur Gaffori à leur tête, s’en emparèrent. En 1753, Gênes se rend à nouveau maître de la citadelle mais elle est reprise par Pascal Paoli à partir de 1755. A ce moment là, la citadelle est agrandie et celui-ci y fit aménager huit cachots. L’enceinte fortifiée fut bâtie dans le courant du XVIIIe siècle, remplaçant le mur de pierre sèche qui protégeait la citadelle du côté de la plaine.
Mais en 1769, sous les ordres du Comte de Vaux, les troupes françaises entreprennent la construction de la citadelle proprement dite tout en étant confrontées à la présence du quartier des Castellacce constitué de soixante-seize maisons et une chapelle. Ce quartier freine les installations de la citadelle et encombre la surface à aménager. Le commandant et ingénieur du génie Fourcroy de Ramecourt notera dans son compte rendu de visite du 16 juillet 1773 : « Toutes les maisons bourgeoises de la citadelle, qui sont très mauvaises, et dont la plupart sont ou tombent en ruine, s’opposent, par leur situation, à tous les arrangements convenables à prendre pour l’intérieur de ce réduit, dans lequel je croirais qu’il ne faudrait laisser habiter aucun Corse. […] Il me parait nécessaire […] de faire dès à présent une estimation non seulement des premières maisons qu’il faudra démolir l’année prochaine, mais aussi de toutes les autres qui sont dans la citadelle ». Il faudra quatre-vingts ans et une ordonnance du Roi (1830) pour que l’armée française puisse détruire ce quartier de 1835 à 1848, en raison de problèmes de financement des expropriations et de difficultés entre l’administration militaire et la société locale. La présence des maisons a rendu longtemps très complexes et incommodes les communications (chemins d’accès internes, chemins de ronde) entre les différents sous-ensembles, notamment entre le quartier militaire de la caserne (secteur bas), auquel donnent directement accès la porte de la citadelle et le château.

La citadelle française est édifiée sur le principe de la fortification bastionnée qui connut son apogée avec Vauban au XVIIe siècle. De forme trapézoïdale et de dimensions importantes, elle est ceinturée par des escarpes de 8 à 14 mètres de haut. L’armée française n’aura de cesse de construire une citadelle imprenable au centre de la Corse. Durant plus de cent ans, les militaires vont améliorer ses défenses et la doter de tous les perfectionnements techniques. Mais ces puissantes fortifications n’ont en fait jamais servi dans la mesure où elles n’ont jamais été attaquées et la ville est longtemps restée une ville de garnison.